Le cancer constitue encore et toujours de nos jours la maladie la plus meurtrière après les pathologies cardio-vasculaires. La proportion de décès par cancer liés à l’alimentation peut aller de 30%, pour tous cancers confondus, jusqu’ à 90% pour ce qui est des cancers des voies digestives. Mais qu’est-ce qui, dans l’alimentation peut influencer à ce point la probabilité de développer un cancer ?
Il y a pour commencer, la trop faible concentration des aliments actuels en micronutriments (minéraux, oligo-éléments et vitamines). Cette carence constitutive provient non seulement des techniques agricoles intensives mais aussi du raffinage et des hautes températures de cuisson industrielles que subissent les aliments manufacturés. Les aliments ainsi appauvris finissent par entraîner des carences nutritionnelles récurrentes dont l’impact sur l’affaiblissement du système immunitaire n’est plus à démonter. Sachant d’autant plus que ce dernier contrôle et empêche le développement des micro-tumeurs présentes à l’état dormant chez la plupart d’entre nous.
Les hautes températures de cuisson peuvent également engendrer des substances reconnues comme ayant des effets cancérigènes redoutables, c’est le cas des molécules de Maillard et des benzopyrènes. Ces facteurs délétères sont aussi renforcés par une dégradation de la pratique alimentaire comme, entre autres, une augmentation exponentielle de la consommation de sucre (dont la cellule cancéreuse est très friande), de graisses cuites mais aussi d’acides gras oméga-6 couplée à une diminution drastique d’acides gras oméga-3 et de fruits et de légumes Corriger ces facteurs aura donc un impact non négligeable sur la prévention du cancer.
Ce constat est d’ailleurs renforcé par un nombre croissant d’études épidémiologiques démontrant les effets protecteurs sur le cancer d’une consommation régulière et suffisante de fruits et de légumes (En référence aux travaux des Drs Richard Béliveau et Denis Grosjean). Ces aliments mettent en effet à notre disposition une véritable pharmacopée naturelle constituée de plus de 10.000 molécules organiques à caractère pigmentaire et organoleptiques, qu’on appelle composés phytochimiques. Leurs multiples propriétés bénéfiques pour la santé font des fruits et des légumes un trésor alimentaire unique et inestimable. En effet, si ces composés jouent un rôle protecteur vis-à-vis de nombreux cancers et maladies cardio-vasculaires, c’est parce qu’ils présentent avant tout despropriétésanti-oxydantes et anti-inflammatoires tout en étant capable d’inhiber les développements bactérien, viraux et fongiques.
Parmi les légumes, certains semblent particulièrement riches en substances protectrices du cancer. C’est le cas tout d’abord des brassicacées (ou crucifères), vaste famille qui comprend les choux, les brocolis, les navets, lesradis et le cresson. Tous contiennent des molécules anti-oxydantes puissantes,lesanthocyanates, dont les effets anticancéreux ont été maintes foisdémontrés. Un autre composé, le sulforaphane, présent dans le brocoli, est une des rares molécules alimentaires, connue à ce jour, capable de provoquer la mort de tumeurs comme celle du côlon et de la prostate. Cerise sur le gâteau, le sulforaphaneaide aussi l’organisme à évacuer de manière efficace, les toxiques cancérigènes qui l’encrassent.
Mais attention, ces constituantssont fragiles à la chaleur et très solubles dans l’eau. Pour pouvoir bénéficier de ses propriétés, le choux devra donc se cuire le moins possible dans un minimum d’eau, comme à la vapeur par exemple. L’idéal serait, bien sûr, de le manger cru en salade ou sous forme de jus frais. Autre famille de légumes incontournables, les alliacés comprenant l’ail, l’oignon, les échalotes, la ciboulette et les poireaux. Ils ont tous encommun un composé organosulfuré, l’allicine, dont le caractère anti-oxydantdiminue les risques de cancers colorectaux. On trouveégalement la quercétineprésente surtout dans l’oignon, et agissant de manière préventive sur les cancers de l’estomac, de l’œsophage, du côlon et de la prostate. Un troisième groupe de légumes assez disparates mais unis par un point commun, qui estcelui de posséder des pigments caroténoïdes. C’est le cas des carottes des tomates et des épinards. Le béta-carotène contenu dans les carottes et les épinards protège relativement bien du cancer des poumons. Tandis le lycopène des tomates peut offrir une réduction des risques du cancer de la prostate.
Le Dr Hans Nieper de Hanovre, illustre médecin qui consacra sa vie dans la lutte contre le cancer, démontra, par des essais cliniques, les propriétés anticancéreuses et anti-leucémiques du benzaldéhyde, substance géno-réparatrice contenue dans l’amande amère. Les Hunzas, populations vivant aux confins de l’Himalaya qui ne connaissent quasi pas le cancer, font d’ailleurs à cet égard, une grande consommation d’amandes amère tirées des noyaux d’abricot qu’ils cultivent abondamment
Nous ne pouvons, bien sûr aussi, passer sous silence, les effets anticancéreux du thé vert, comme le Matcha japonais, un concentré unique de polyphénols anti-oxydants. N’oublions pas également, le curcuma, rhizome (racine) séché, connu aussi sous le nom de safran des Indes et dont le principe actif, la curcumine, agit surtout comme préventif sur les cancers digestifs, de la peau et du foie. Les populations indiennes qui le consomment régulièrement au travers du curry, dont il est un des constituants, sont rarement touchées par ce type de pathologie. De tous les fruits, ce sont ceux comme les petits fruits, appelés aussi fruits rouges ou fruits des bois, qui sont les plus concentrés en antioxydants anticancéreux comme les polyphénols. Les agrumes en contiennent d’ailleurs une soixantaine dont les flavonones comme l’espéridine, qui présente, en plus, des propriétés toniques et protectrices pour les parois veineuses.
Si la majorité des fruits et des légumes voient leurs composés phytochimiques se concentrer dans leur pelure, cela veut dire que l’épluchage est à éviter autant que possible aussi bien pour les préparations culinaires que pour celle des jus de légumes qui doivent bien sûr être, dans ce cas, issus de culture biologique.